Ce 11 février 2022, sous un ciel ensoleillé, l’équipe du projet Latawama a procédé au lancement officiel des travaux d’assainissement de la prison d’Uvira, en collaboration avec la MONUSCO et en présence du maire adjoint de la ville d’Uvira. Le projet Latawama équipera les différentes cellules communes de toilettes et procédera à la réhabilitation des toilettes externes et à la construction de nouvelles douches. Les toilettes seront connectées à un nouveau bio-digesteur de 50 m³qui alimentera en gaz les cuisines et évitera la combustion de bois.

En complément, l’alimentation en eau sera renforcée par la collecte et le stockage des eaux pluviales destinées aux usages sanitaires. Les eaux « grises » issues des douches et des cuisines seront traitées par une station d’épuration.

Ces différents travaux concordent vers un double résultat : améliorer les conditions sanitaires des prisonniers et contribuer à limiter l’impact de la prison sur l’environnement et la qualité des eaux du lac.

En cette matinée, la cour était animée, beaucoup de mouvements de va-et-vient, des brouhahas dans l’attente du lancement des travaux. Le représentant des prisonniers Muhanuka Mashali Moise, emprisonné depuis 12 ans à la prison d’Uvira, a accepté de témoigner sur un des aspects qui lui tient à cœur : l’absence des toilettes à l’intérieur des cellules communes.

 Ça fait des années que je vis dans cette prison. La vie n’y est pas facile. Les prisonniers défèquent dans les seaux. On appelle ça « Mwami ». Des prisonniers souffrent de la diarrhée et des maladies de la peau. Dans les cellules, il y a des odeurs nauséabondes avec le risque de dislocation des seaux sous l’effet de la chaleur et la biodégradation des excreta. Chaque matin, les prisonniers transportent ces déchets en dehors de cellule, ce qu’ils appellent communément « Kubeba mwami ».

Moise explique ensuite que « Ici les prisonniers doivent être dans les cellules à partir de 18 h et sortent à 6h du matin. Vous savez que tous les êtres humains disposent des besoins physiologiques. C’est normal qu’on ait envie de se soulager durant cette période. Avec l’absence des toilettes, la solution à notre portée est uniquement constituée des seaux.  Quand nous avons entendu parler du projet, nous avons tressailli de joie. La construction des latrines et la collecte des eaux pluviales vont permettre de résoudre le problème qui hante les prisonniers, a précisé monsieur Muhanuka Mashali ».

Cette situation est confirmée par le Directeur de la prison, Emmanuel Kabwe qui parle d’un véritable problème. Lors des cérémonies de lancement des travaux d’assainissement en présence des prisonniers, il affirme que les travaux initiés par le projet LATAWAMA mettront fin à la pratique de « Kubeba Mwami », soit le fait de transporter les excreta chaque matin en dehors des cellules.

Emmanuel Kabwe, a précisé que le bio digesteur va contribuer à la production d’énergie permettant la cuisson et la protection de l’environnement : « Il est difficile de trouver du bois de chauffage dans une ville déboisée et se trouvant dans une vallée et traversée par les rivières alimentant le lac Tanganyika ».

Un autre fait marquant des travaux d’assainissement de la prison d’Uvira, c’est la participation des prisonniers dans les travaux. Les prisonniers maçons et aide-maçons hommes et femmes disposant d’une technicité seront mis à contribution dans les travaux d’assainissement de la prison d’Uvira. C’est une bonne nouvelle pour les prisonniers. Les actions d’assainissement viennent résoudre un problème réel selon Emmanuel Kabwe dans cette institution qui compte environ 1200 prisonniers dont 10 femmes et 3 nourrissons.

Mr Kifara Kapenda Kiky, maire adjoint de la ville, a participé aux cérémonies de lancement des activités d’assainissement de la prison d’Uvira et affirme que les actions d’assainissement de la prison d’Uvira vont améliorer sensiblement la vie des prisonniers « Personne ne voudrait être dans cette situation » affirme-t-il. Il salue l’apport du projet LATAWAMA mis en œuvre par Enabel, sur financement de l’Union européenne.