La gestion des déchets solides municipaux dans les villes des pays développés et en développement est un problème de plus en plus aigu. Selon la Banque mondiale (1), le monde génère chaque année 2 milliards de tonnes de déchets solides municipaux. Ce chiffre devrait atteindre 3,4 milliards de tonnes en 2050.

Dans la ville de Kigoma, en Tanzanie, la production quotidienne de déchets solides est estimée à 140 tonnes, dont 3 tonnes de plastique en provenance du centre urbain (2). À Uvira, en République démocratique du Congo, sur 97 tonnes de déchets solides municipaux produits par jour, près de 14 tonnes sont des déchets plastiques solides (3).

A Bujumbura, sur 630 tonnes de déchets produits quotidiennement, environ 51 tonnes sont des déchets plastiques (4). Malgré le manque de statistiques pour la ville de Mpulungu en Zambie, la situation observée par le projet Latawama en décembre 2020 est similaire à celle des autres villes. Dans ces villes, le taux de collecte des déchets solides municipaux est inférieur à 40 %.

Même si tous les gouvernements partageant le bassin du lac Tanganyika ont adopté une législation interdisant la production, l’importation et le commerce de sacs et autres emballages plastiques, voire l’élimination des déchets plastiques en Tanzanie, la gestion et l’atténuation de la pollution par le plastique constituent un défi de taille.

Le projet LATAWAMA, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Enabel, l’Agence belge de développement aux côtés de l’Autorité du lac Tanganyika, est conscient que pour atténuer la pollution par le plastique dans le bassin du lac Tanganyika, il n’y aura pas de « solution unique». Cependant, la stratégie à déployer doit être basée sur l’esprit et les principes de l’économie circulaire et sur la participation des communautés locales.
Dans ce contexte, le projet a mené une mission d’études à Dar es Salam et a organisé diverses sessions de travail avec Tanzanian Recycling Association. D’autres entreprises de recyclage comme The Recyclers, EcoAct Green Life et EMA Recycling ont été consultées pour tirer des leçons de leur expérience dans la récupération et le recyclage des déchets plastiques, en mettant l’accent sur la création d’emplois décents dans les collectivités défavorisées.

Le projet Latawama appuiera l’organisation et le renforcement des capacités techniques et favorisera l’accès des opérateurs et collectivités aux technologies de valorisation du plastique. Le développement de l’économie circulaire contribuera à présever l’environnement du littoral et les villes du lac Tanganyika de la pollution par le plastique.
Prioritairement, dans la ville de Kigoma en Tanzanie, une première entreprise communautaire active dans la récupération et le recyclage primaire (crunching) des déchets plastiques bénéficiera d’un investissement technique constitué d’une machine de crunching moderne avec une capacité de traitement d’au moins 5 tonnes de déchets plastiques de toutes catégories par jour ainsi que d’équipements de stockage et de transport.
Le projet offrira une formation spécifique aux différents agrégateurs afin d’optimiser leurs centres de rachat et les différents centres de dépôt.
Ces activités seront également mises en œuvre à Mpulungu et à Uvira.

(1) World Bank, 2018 : What a waste 2.0 A Global Snapshot of Solid Waste Management to 2050, 38 p.
(2)The Massam civil & building contracors, 2013: The Kigoma/Ujiji Municipal solid waste management plan, volume 2, 106 p.
(3) Kapepula L., MUYISA S. et C. Gisèle JUNG, 2016 : Contribution à l’état des lieux de déchets solides ménagers dans la ville d’Uvira, Sud-Kivu, République Démocratique du Congo, Int. J. Biol. Chem. Sci. 10(3): 1413-1421, juin 2016
(4) Mizero M., Ndikumana Th., et Jung G., 2015 : Quantification, caractérisation et voies de valorisation des déchets solides municipaux dans la ville de Bujumbura. Bulletin Scientifique sur l’Environnement et la Biodiversité, 1: 1-7